A part ça ...

Regarder à travers les fenêtres

Regarder à travers les fenêtres

Je ne sais pas vous mais, moi, j'adore regarder dans les maisons et les appartements juste pour voir.

Petit voyeurisme ? Peut-être, mais sans malveillance, sans jugement, sans conséquence.

Grande curiosité ? Incontestablement ... pour être surprise plus que pour surprendre, pour imaginer une histoire, une vie, et peut importe que ce soit vrai ou pas. Pour être inspirée aussi : une association de couleur audacieuse, une lampe originale, un papier peint qui sort de l'ordinaire.

C'est particulièrement vrai à la tombée de la nuit lorsque le ciel s'assombrit et que les lumières s'allument à l'intérieur. Et c'est précisément ce que photographie l'artiste Gail Albert Halaban à Paris, New-York et Buenos Aires.

Out my Window - ParisOut my Window - Paris
Out my Window - Paris

Out my Window - Paris

Sur son site internet, la photographe explique fort bien sa démarche : la volonté de montrer la vie dans sa globalité et le fourmillement du quotidien plutôt que rentrer dans l'intimité des gens. 

Et puis, elle reprend ce magnifique poème de Charles Baudelaire, que je connaissais pas et qui correspond réellement à ce que je ressens.

 

Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n’est pas d’objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu’une fenêtre éclairée d’une chandelle. Ce qu’on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie.

Par-delà des vagues de toits, j’aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j’ai refait l’histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant.

Si c’eût été un pauvre vieux homme, j’aurais refait la sienne tout aussi aisément.

Et je me couche, fier d’avoir vécu et souffert dans d’autres que moi-même.

Peut-être me direz-vous : « Es-tu sûr que cette légende soit la vraie ? » Qu’importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m’a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis ?

Charles Baudelaire

Out my window - New-York
Out my window - New-YorkOut my window - New-York

Out my window - New-York

Out my window - Buenos Aires
Out my window - Buenos AiresOut my window - Buenos Aires
Out my window - Buenos Aires

Out my window - Buenos Aires

Pour les personnes qui seraient mal à l'aise avec cette forme de voyeurisme, Gail Albert Halaban précise qu'elle prend toutes ses photos en total conformité avec la loi, et surtout avec l'accord des personnes qui habitent les immeubles photographiés.

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N
Bonjour, <br /> Je ressens absolument les mots et poème de Charles Baudelaire dont j'aime tant la sensibilité.<br /> C'est la vue sur la cour donnant sur un immeuble en face, avec toute une cage d'escalier en verre et transparente qui a constitué un coup de cœur immédiat! Appartement, appartement où l'on voit inlassablement monter et descendre les habitants, avec leurs caddies, leur bouquet de roses ...Comme Baudelaire, j'invente, avec mon fils, leur histoire et j'ai l'impression d'être l’héroïne vivante (en brune) de "fenêtres sur cour". <br /> Merci à toi de nous avoir fait partager cet article pleins de vie et d'émotions. Nadia.
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G
Bonjour Nadia et merci à toi pour ce joli message. Cet article est déjà ancien mais ton commentaire m'a incité à retourner le lire et m'a donné envie de le remettre en lumière... peut-être différemment. Belle semaine.
C
Ce petit article me fait beaucoup rire ! c'est un de mes dadas poussé par ma curiosité "déco"...<br /> Plus, jeune nous sillonnions les rues de Lyon en scooter, accrochée à mon mari, le nez en l'air juste pour le plaisir de découvrir les perles des vieux appartements lyonnais !!!
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G
Finalement, je crois qu'on est assez nombreux à avoir cette passion secrète. :-)
A
Je suis moi aussi atteinte de ce voyeurisme et suis parfois très heureuse avec juste une grand porte ouverte sur un jardin ...<br /> Excellente soirée
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G
Et parfois, on découvre des merveilles qu'on imaginait pas de la rue ...