18 Mars 2019
"Tout le bonheur du monde est dans l'inattendu." Mais l'inattendu n'est possible que si on lui laisse la place de s'épanouir. Il se manifeste parfois dans de petites choses insignifiantes : un rayon de soleil, un regard, ou même une pensée furtive, qui, si on prend garde à la retenir et à l'observer nous apporte bien des trésors... comme cela m'est arrivé la semaine dernière.
Depuis quelques temps déjà, je mets mon loulou à contribution pour la vie de la maison et les tâches ménagères. Le rangement de la vaisselle est dans la liste de ses attributions principales. Autant vous dire que ça ne fait pas partie de ses passions et, par conséquent, ça n'a pas été une mince affaire. Il est plein de bonne volonté et avec l'envie de faire plaisir mais pas super investi.
Première étape, je retrouvais les trois quart de la vaisselle posés sur la table. "j'sais pas où ça se range"... Montée en pression, respiration profonde, prise de recul. C'est un peu agaçant, mais accordons-lui le bénéfice du doute. Quand on commence une tâche, on ne sait pas forcément comment procéder. Avec patience, je lui ai montré plusieurs fois où se rangeait chaque chose. Cette phase d'apprentissage a duré quelques semaines. Puis est arrivé le moment où, après avoir répété, encore et encore, jour après jour, les emplacements pour chaque chose, il n'a plus eu la possibilité de me dire je ne sais pas sans que je me mette à grincer des dents... avec le sourire, mais grincement quand même.
Un glissement subtil s'est alors opéré et, peu à peu, nous sommes passé dans une deuxième phase. Il rangeait. Presque tout. "Mais où est donc passé la petite coupelle bleue...?". Il rangeait mais pas au bon endroit. N'étant ni très motivé, ni très investi, il ne pas retient pas où se rangent les différentes pièces. Evidemment, ça m'a un peu agacé. Je crois que l'éducation est finalement un long fleuve tumultueux fait de satisfactions et d'agacements ! Mais, je m'égare. Et donc, mère presque parfaite (ça fait toujours du bien d'être dans l'autosatisfaction lucide), engagée dans une démarche d'éducation positive, je me suis attachée à essayer de comprendre et chercher des solutions avec lui pour améliorer la situation.
Et puis, j'ai surtout relativisé les choses en me disant que ce n'est, en réalité, pas bien grave que la coupelle ne soit pas rangée au bon endroit. Dans ma tête, j'ai fait du chemin par rapport à ça. Certains y verront peut-être une forme de renoncement ou d'abdication face à l'ado récalcitrant. Personnellement, j'y vois un investissement sur l'avenir. Je préfère rester souple sur ces modalités et que ça continue à fonctionner sans prise de tête.
La semaine, je me suis surprise à me dire que c'était pas mal aussi, rangé comme ça. Et même si je sais que ce sera encore différent la prochaine fois, ce constat m'a tiré un petit sentiment de satisfaction. Evidemment, je me suis bien gardé de le lui dire. On sait jamais, il pourrait s'en servir pour ne plus faire d'efforts !!!
J'ai vécu cette histoire comme une belle leçon de vie. Quand on laisse les choses sortir hors du cadre qu'on a fixé, quand on accepte de ne pas tout maîtriser, tout gérer, on découvre une multitude de possibles auxquels on n'a jamais pensé. On ouvre d'autres horizons, d'autres voies, d'autres solutions. Par extrapolation ou par divagation, j'ai repensé à la fable des douze chameaux qui dit à peu près la même chose.
Un cheikh fort riche, sentant sa fin prochaine, prit ses dispositions pour régler sa succession. Son troupeau de chameaux devait être réparti entre ses trois fils selon l'ordre suivant : le premier, en vertu du droit d'aînesse, recevrait la moitié, le second hériterait du quart, quant au cadet, il se contenterait du sixième. Lorsqu'il mourut peu après, ses fils furent bien embarrassés : le partage se révélait en effet impossible, dès lors que le troupeau s'élevait à onze chameaux très exactement. Alors qu'ils en étaient déjà venus aux mains à propos de ce partage impossible, ils convinrent de soumettre l'affaire au khadi. Celui-ci, après avoir entendu les parties, réfléchit, traça quelques signes dans le sable, et finalement déclara : « Prenez un de mes chameaux, faites votre partage, et, si Allah le veut, vous me le rendrez ». Interloqués, mais peu désireux de contredire cet homme sage, les fils s'en allèrent avec le chameau du juge. Ils ne tardèrent pas cependant à réaliser l'ingéniosité du khadi : avec douze chameaux, le partage devenait fort aisé — chacun reçut sa part et le douzième chameau ne manqua pas d'être aussitôt restitué.
"Gaston Lagaffe est un lanceur d’alerte humaniste et idéaliste" - Parce qu'ado, j'ai dévoré les Gaston Lagaffe, parce qu'effectivement sa naïveté et sa nonchalance pourrait bien être le socle d'une certaine sagesse.
« Ce matin, je me suis réveillé et j'ai supprimé Instagram, Twitter et Facebook » - Parce qu'il propose une réponse à un questionnement qui revient régulièrement, pour moi comme pour d'autres, et que, sans plonger dans cet extrême, il permet de remettre les choses à leur juste place.
« L’identité n’est pas essentielle, nous sommes tous des passants » - Parce qu'en mettant en relief et en lien différents débats actuels de la société (migration, écologie...), cette réflexion rappelle une vérité fondamentale que nous oublions trop souvent.
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