30 Septembre 2019
"Avoir confiance, ce n'est pas simplement répéter ce que l'on a déjà fait des centaines de fois. C'est oser sortir de la répétition pour essayer de faire ce que l'on a encore jamais fait." Paru dans le dernier numéro de Psychologies Magazine, l'article du philosophe Charles Pépin, dont sont extraits ces phrases, est intitulé "L'excellence, oui, mais laquelle ?". Il y développe une réflexion sur la valeur réelle de l'excellence technique et de la compétence pure mises en avant par certaines personnes et certaines structures. Il prend même le contrepied de cette tendance actuelle à sur-valoriser les hyper-spécialistes, affirmant que ça "semble presque toujours louche".
Se référant à la mythologie grecque pour mener sa réflexion, il s'appuie précisément sur l'histoire d'Arachné, jeune fille ultra compétente dans l'art du tissage, mais particulièrement arrogante. A la suite d'un duel de tissage avec la déesse Athéna, qu'elle remporte, elle est transformée en une minuscule araignée, continuant "à exprimer son excellence technique, mais coupée à jamais du monde des hommes".
"Pourquoi sa maîtrise technique lui a-t-elle ôté son humanité ?" Charles Pépin avance que cette excellence technique n'a de valeur qu'associée à des qualités humaines... et j'ajouterai à son humanité dans toutes ses dimensions, y compris ses fragilités. Selon lui, derrière ces postures d'assurance arrogante se dissimule en réalité un manque de confiance en soi. "Je n'ai pas assez confiance pour m'adapter, improviser, demander aux autres ce qu'ils en pensent." L'expertise, affichée exagérément, exempte d'une confrontation avec d'autres modes de fonctionnement et une éventuelle remise en question. "Si la compétence est une des conditions de la confiance, la confiance ne se réduit pas à la compétence."
Autant vous dire que cette réflexion m'a fortement intéressée tant elle fait écho à des situations auxquelles je me retrouve confrontées dans ma vie professionnelle. Autodidacte sur bien des sujets et en remise en question quasi permanente, je peux vous dire que je me retrouve bien souvent ébranlée dans la pertinence de mes avis et de mes actions, lorsque je me retrouve face à des experts, techniciens très pointus mais hermétiques à tout ce qui se trouve hors du champ de leurs compétences, qui me rabaissent à ma condition de touche-à-tout.
Au regard des modes de pensée et référentiels professionnels du XXème siècle, ce fonctionnement de papillon qui butine d'une activité à l'autre (certains disent s'éparpille...) est associé à un déficit de compétence et à une instabilité chronique. Autrefois, on entrait dans le monde du travail avec un métier dans les mains ou dans la tête et on en sortait avec le même métier, éventuellement avec l'aura d'un expert en la matière. Mais ça, c'est fini. La nouvelle génération ne fonctionne plus comme ça. Elle s'est construite sur la culture du zapping et de l'accélération des innovations qui nécessitent une remise à niveau permanente. Et pour les touche-à-tout qui s'aventurent dans plusieurs domaines de compétences, on parle aujourd'hui de multipotentiels ou de slasheurs.
Ces personnalités de butineurs commencent à être reconnues et appréciées pour leurs capacités à apporter une approche transversale et un regard élargi sur une problématique. Là où l'expert va être centré sur son domaine de compétences et apporter une solution parfois isolée du contexte général, le multipotentiel va prendre en compte divers aspects, se mettre en lien avec les experts lorsque c'est nécessaire et proposer une solution innovante.
Les experts et les multipotentiels ne doivent pas être opposés, les uns plus valorisés que les autres. Ils sont complémentaires et ne parviennent à de bons résultats que dans la confiance personnelle et réciproque et dans la collaboration.
Mais alors, quid de l'excellence lorsqu'on est slasheur ? Est-on condamné à ne pouvoir y prétendre faute d'une expertise pointue ? Aristote affirme que "L'excellence est un art que l'on n'atteint que par l'exercice constant. Nous sommes ce que nous faisons de manière répétée. L'excellence n'est donc pas une action mais une habitude." Le talent d'un multipotentiel est sa capacité à passer d'un domaine de compétence à un autre, d'un secteur d'activité à un autre, à les combiner et à créer des passerelles entre les uns et les autres. Ce qu'il fait de manière répétée, lorsqu'il a pris pleinement conscience de cette capacité et de son intérêt... CQFD !!!
Le point de départ du prochain cycle de croissance, c’est la comptabilité - Parce que cet article explique simplement les évolutions des modèles économiques de nos sociétés dans l'histoire contemporain et le futur proche. Des perspectives qui conduisent vers un rééquilibrage des enjeux entre économique, sociétal et environnemental. Un point cependant n'est pas évoqué dans l'article... Il me semble que cette démondialisation économique ne peut réussir q'accompagnée par une démarche sincère de mondialisation humanitaire. Relocaliser les productions en occident est certainement une bonne choses... à condition de ne pas quitter comme des voleurs les pays de production de masse à bas coûts, sous peine de se retrouver confrontés à des pays d'une grande instabilité politique et une crise migratoire d'une ampleur sans précédent.
Revoir Pétra, le plus précieux fleuron de la Jordanie - Parce que, si je ne devais plus faire qu'un seul voyage dans ma vie, ce serait celui-là.
Irlande : un réseau de fermes pour les personnes en situation d'exclusion - Parce ce programme prouve, s'il en est encore besoin, que l'acceptation de la différence et l'inclusion sont les meilleurs outils pour construire un monde dans lequel chacun trouve sa place.
"On voudrait une nature à l'image de ce qu'on aime" : pourquoi les animaux moches sont plus menacés que les autres - Parce que ce sujet en apparence léger aborde une question essentiel et dramatique à long terme.
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