17 Février 2020
"Rien ne nous oblige à nous montrer à la hauteur des espérances que d'autres nourrissent pour nous. Rien ne m'oblige à être celui qu'ils voudraient que je sois : c'est leur erreur, pas la mienne." je ne parlerai pas forcément d'erreur mais plutôt de vision ou de perspective. Pour le reste, je valide.
La semaine dernière, mon fils passait son brevet blanc. Première répétition du premier grand examen, la pression était à son comble. Il est bon élève, constant, appliqué, je n'ai pas beaucoup de doutes sur les résultats à la fin de l'année mais, malgré tout, les enjeux sont là. L'orientation en fin de collège, le choix du lycée, la préférence pour une pédagogie plutôt qu'une autre. Bientôt le stage de 3ème et la découverte du milieu professionnel. Bref, tout ça vient se bousculer dans ma tête. Et comme souvent, je me dis qu'il y a des trucs qui ne tournent pas vraiment rond.
Nous sommes habitués, et moi la première, à questionner les adolescents sur leurs choix en matière d'orientation, leurs projets ou au moins envies professionnelles. C'est une marque d'intérêt et, la plupart du temps, accompagnée de conseils, encouragements et bienveillance. Mais je pense qu'on se trompe.
Je pense que la question aujourd'hui n'est plus "que veux-tu faire plus tard ?" mais "qui veux-tu être plus tard ?". Il y a 50 ans les carrières linéaires étaient la norme. Un même métier, pour certain une même entreprise toute la vie. A cette époque-là, il fallait acquérir sa formation avant d'entrer dans la vie active et acquérir ensuite l'expérience pour progresser. La situation est aujourd'hui bien différente. On exerce plusieurs métiers dans sa vie, parfois différentes expertises sont nécessaires pour un même poste. Différents statuts peuvent être expérimentés. Plusieurs jobs cumulés avec des statuts variés. Les reconversions professionnelles sont communément acceptées comme des évolutions de carrières.
En recrutement et en gestion de carrière, le savoir-être est aujourd'hui un élément d'analyse et d'évaluation pris en compte au même titre que le savoir et le savoir-faire. Il faut être pro-actif, capable de s'adapter, savoir communiquer, être ouverts aux autres... En parallèle, la société n'offre plus aucune perspective de sécurité, ni de pérennité. Les entreprises ferment, délocalisent, automatisent, sous-traitent en réduisant le personnel aussi souvent que nécessaire, aussi souvent que possible.
Face à cette situation de plus en plus déséquilibrée, la génération Z, celle qui arrive sur le marché du travail, s'est adaptée... on leur demande de le faire dans leur job, ils le font aussi dans leur vie. Elle a grandi avec le zapping entre les mains, elle l'applique dans son mode de fonctionnement.
On me parlait récemment d'un jeune graphiste fraichement sorti des études avec un CDD au Futuroscope et à qui on proposait un poste en CDI. Il a refusé. Pour ma génération, il y a 30 ans (oulala !!!), c'était une bénédiction, une proposition comme ça. Certains auraient tué père et mère pour avoir ce job. Mais ça, c'est fini. Comme beaucoup d'autres, il a en projet de partir faire le tour du monde avec un copain ou alors de s'installer en freelance pour pouvoir aussi aller faire les saisons en bord de mer l'été. Ou tout simplement, le boulot ne l'inspire pas...
En réaction, les entreprises en arrivent à créer des postes de "chief happiness officer ", responsable du bonheur en entreprise !!! Et pour le recrutement, les services RH montent de grandes stratégies de "marque employeur" pour inciter les meilleurs candidats à les rejoindre. Il n'y aurait pas un petit côté kafkaïen dans tout ça...?
Quand je suis allé à l'école, ils m'ont demandé ce que je voulais être quand je serai grand. J'ai répondu : "Heureux".
Ils m’ont dit que je n’avais pas compris la question, j’ai répondu qu’ils n’avaient pas compris la vie.
J'aurais pu choisir cette anecdote rapportée par John Lennon comme citation de mon humeur mais elle n'exprime qu'un décalage entre l'enfant et les adultes. Or je voulais souligner la nécessité pour les jeunes de se libérer de l'injonction des adultes à rentrer dans le moule qui a été forgé à une autre époque. Et pour moi-même, je voulais retenir la sagesse qu'il y aurait à laisser mon fils faire son chemin sans feuille de route précise mais avec une curiosité, une capacité d'adaptation et des valeurs. Avec surtout une confiance en lui-même et en ce que la vie peut lui offrir.
Pas de musique aujourd'hui mais cette interview de François Cheng lors de l'émission La Grande Librairie en janvier dernier. J'aurais voulu mettre en avant son analyse de la beauté mais elle n'est disponible que sur Facebook. Donc je vous propose cette leçon de quatrain et si vous voulez voir l'émission en entier, c'est par ici : La Grande Librairie.
Éco-anxiété : ayez peur ! - Parce que Christophe André qui nous recommande d'être anxieux, il ne faut pas le rater... et parce que c'est à peu près ce que j'expliquai à mon fils la semaine dernière quand il stressait pour son brevet blanc.
Et Natalie Portman sortit la cape polémique - Parce que même si je préfère le terme élégance à chic, je partage totalement cette analyse de l'action revendicatrice de Nathalie Portman.
Histoire du beurre : d’où vient notre fanatisme pour le beurre salé ? - Parce que c'est écrit par un breton, que je suis bretonne et que je suis accro au beurre salé.
La marque la plus écolo du monde fabrique... de la moquette - Parce que c'est bluffant, motivant et inspirant.