30 Mars 2018
Après un début d'année plutôt satisfaisant niveau lecture, j'avoue que je suis un peu moins enthousiaste sur les derniers livres que j'ai eu entre les mains. Non pas par manque de qualité mais plutôt parce qu'ils étaient plus ardus et moi sans doute moins disponible dans ma tête. Au final, pas de roman et deux abandons en cours de route ... peut-être ne sont-ils que passagers. Malgré cette humeur légèrement maussade, j'ai quand même envie de faire un petit point d'étape ici.
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PS : après avoir rédigé cet article et m'être relue, finalement, je trouve que j'ai eu entre les mains de bien beaux textes. Mais peut-être qu'il faut un peu de temps pour qu'ils donnent toute la puissance de leurs arômes.
Jean d'Ormesson
Au moment de son décès à l'automne dernier, les quelques petites choses de lui que j'avais lues m'avaient donné envie d'aller chercher le personnage. Eh oui, je n'avais encore rien lu de Jean d'Ormesson ! Je me suis donc plongé dans cet écrit qui n'est pas des plus récents (2010) et fait néanmoins partie du testament philosophique qu'il a rédigé sur la fin de sa vie en s'appuyant, notamment, sur la poésie de son ami Louis Aragon pour transmettre son message. Viendront ensuite, entre autres, "Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit" et "Je dirai malgré tout que cette vie fut belle".
Et quel message !!! Par un questionnement sans réponse de nos origines, du pourquoi et du comment, Jean d'Ormesson souligne avant tout la beauté du monde et de la vie, invite à s'en imprégner simplement en acceptant de ne pas savoir, de ne pas connaître, de ne pas maîtriser.
Ardu parfois, délicieux, inspirant, je ne l'ai pas encore fini. Je m'en suis éloignée pour partir sur d'autres lectures qui m'appelaient avec plus de force mais incontestablement, j'y reviendrai.
"Hier, je me suis endormi dans l'herbe et je me suis réveillé avec un coeur d'oiseaux qui chantaient autour de moi, avec des écureuils qui grimpaient aux arbres, avec un pivert qui riait, et c'était une scène ravissante, et je me moquais comme d'une guigne de l'origine de ces oiseaux et de ces animaux."Qui a écrit ces lignes ? C'est Darwin.
Marie de Hennezel
Avec un récit plein de douceur, la psychologue et psychothérapeute française nous invite à une immersion dans la vie d'une unité de soins palliatifs, l'une des premières en France, ouverte au début des années 90. A l'opposée de l'état d'esprit du corps médical dans son ensemble, cette unité accepte l'impuissance à guérir, accepte aussi la mort. Et ce faisant, elle permet aux personnes qui y séjournent de partir en paix, en accord avec elles-mêmes et avec leurs proches, autant que possible.
Marie de Hennezel prouve ici toute la puissance d'une simple présence généreuse et d'une écoute bienveillante. Elle témoigne aussi de la richesse de l'âme humaine lorsqu'elle se dépouille de ses apparats sociétaux.
Paulo Coelho
Avec cet ouvrage moins connu que L'Alchimiste, le roman qui l'a rendu célèbre, Paulo Coehlo offre un guide à ceux qui avancent au monde pour plus de justice et plus de paix. Il montre la voie et rassure.
"Les guerriers de la lumière se reconnaissent au premier regard. Ils sont au monde, ils font partie du monde. Souvent ils trouvent que leur vie n'a pas de sens. C'est pour cela qu'ils sont des guerriers de la lumière. Parce qu'ils s'interrogent. Parce qu'ils continuent de chercher un sens. Et ils finiront, par le trouver."
D'une lecture facile et fluide, ce livre a trouvé sa place dans ma bibliothèque. Mais je suis certaine de l'en sortit très régulièrement pour le relire ou le prêter.
Un guerrier de la lumière partage son monde avec les personnes qu'il aime. Il les exhorte à réaliser leurs désirs alors qu'elles n'en ont pas le courage.
Dans ces moments-là, l'ennemi apparaît avec deux tables à la main. Sur l'une, il est écrit : "Pense davantage à toi. Garde tes bénédictions pour toi-même, ou tu finiras par tout perdre."
Sur l'autre, il lit : "Qui es-tu pour aider les autres? Serait-ce que tu n'arrives pas à voir tes propres défauts ?"
Un guerrier n'ignore pas qu'il a des défauts. Mais il sait aussi qu'il ne peut pas grandir tout seul, à l'écart de ses compagnons.
Alors, il jette par terre les deux tables, même s'il pense qu'elles comportent un fond de vérité. Elles tombent en poussière, et le guerrier continue d'aider son prochain.
Frédéric Lenoir
Redonner à Spinoza la place qui lui revient dans le panthéon des grands philosophes, donner à voir une philosophie du bonheur qui éclaire la vie, les objectifs de Frédéric Lenoir sont très justes et menés avec talent... mais moi j'ai pas accroché. Beaucoup de religion, trop de religion à mon goût et ce n'est pas mon interrogation du moment. Peut-être qu'un jour, j'y reviendrai avec l'état d'esprit adéquat pour apprécier la richesse de cette pensée généreuse.
Ito Naga
469 propositions, les unes affirmations, les autres questions ou exclamations, parfois pleines de bons sens, parfois poétiques ou encore scientifiques, écrites par un astrophysicien qui use de ce pseudo à consonance japonaise pour masquer son identité.
Je l'avais déjà lu. J'avais besoin d'une lecture vive et impertinente. J'ai retrouvé tout le plaisir ébouriffant de ce texte.
179. Je sais qu'on s'attribue parfois des croyances contraires aux siennes. Juste pour voir et se mettre à l'épreuve.
180. Je sais que, par moments, la tête chauffe comme un moteur.
181. Je sais que la macération ne réussit pas aux idées.
182. Je sais qu'on ne peut malheureusement pas expulser les idées noires comme un mauvais repas.
183. Je sais que j'évite de dire "point barre" car je ne sais pas de quelle barre il s'agit.