26 Janvier 2018
A l'automne dernier, je n'avais trouvé ni le temps, ni l'énergie pour lire autant que je l'aurais souhaité. La liste des livres que j'avais envie de lire s'allongeait un peu plus chaque semaine sans que je parvienne à la faire diminuer. Sur la période des fêtes de fin d'année, et depuis, je me suis bien rattrapée. Mais la liste continue à s'étoffer puisque j'en ajoute toujours plus que je n'en retire.
Ces dernières semaines, j'ai donc dévoré plusieurs livres, principalement des romans. Le hasard a fait que ce furent toutes des écritures masculines, intenses et puissantes mais chacune dans un registre différent.
Eric Vuillard
Prix Goncourt 2017, il faisait partie de la liste des romans que me conseillait mon libraire. Malgré un sujet un peu austère, les prémices de la seconde guerre mondiale à travers le prisme de la situation politique et économique en Autriche, je me suis laissé tenté par ce petit livre.
D'une écriture puissante, vive et d'une fausse simplicité, il décrit la banalité du mécanisme qui mena à la guerre, à la mort de milliers de personnes. Les subterfuges, les accords, les mesquineries, les monstruosités sont racontées comme une histoire du quotidien sans conséquences, les rendant lisibles, recevables, entendables... jusqu'au moment où on est cueilli par l'horreur crue de hommes sans âmes.
"Ils étaient vingt-quatre, près des arbres morts de la rive, vingt-quatre pardessus noirs, marron ou cognac, vingt-quatre paires d'épaules rembourrées de laine, vingt-quatre costumes trois pièces, et le même nombre de pantalons à pinces avec un large ourlet."
Ces hommes de pouvoir, qui semblent la plupart du temps inaccessibles, reviennent, par la plume d'Eric Vuillard, parmi le commun des mortels, faillibles, fragiles, petits. Ils ne sont plus seulement un nom, un titre, une image, ils prennent vie. Et par le jeu de l'écriture, les victimes de la guerre prennent vie également pour les mettre devant leurs responsabilités.
On tourne la dernière page de ce roman complètement sonné et avec l'envie furieuse de ne pas laisser les choses se répéter.
Et d'heure en heure, Goering dicte son ordre du jour. Pas à pas. Et dans la brièveté des répliques, on entend le ton impérieux, le mépris. Le côté mafieux de cette affaire saute soudain aux yeux.
Eric-Emmanuel Schmitt
Plus léger, même s'il traite d'un sujet poignant, Oscar et la dame rose est arrivé par surprise dans mes lectures du moment. Il ne faisait pas partie de la liste !!!
Il a été lu à deux voix avec mon loulou à un moment où nous étions à cours des habituels romans de super-héros, chevaliers d'un autre temps, guerriers mystiques et dragons magiques.
"Voici les lettres adressées à Dieu par un enfant de 10 ans. Elles ont été retrouvées par Mamie Rose, la "dame rose" qui vient lui rendre visite à l'hôpital pour enfants."
Ce fut un formidable moment de partages et d'échanges que ces mots d'un enfant en phase terminale d'un cancer, lus avec mon fils de 12 ans. La légèreté du ton et l'humour en filigrane du texte ont permis de prendre plaisir à la lecture tout en recevant ces messages de sagesse enfantine qui remettent les choses à leur place.
Peu enthousiaste à l'idée de cette lecture en marge de ses goûts, mon fils est totalement rentré dans l'histoire, à la fois dans le suspens de l'histoire, qui est bien réel même si on en connait l'issue, et dans les messages qu'Oscar nous offre par son innocence et sa sincérité.
Cher Dieu,
Aujourd'hui, j'ai eu de quarante à cinquante ans et je n'ai fait que des conneries.
Je raconte ça vite parce que ça mérite pas plus. Peggy Blue va bien mais la Chinoise, envoyée par Pop Corn qui ne peut plus me blairer, est venue lui cafter que je l'avais embrassée sur la bouche.
Laurent Gounelle
C'est une discussion avec un ami qui m'a ramené ce livre en tête et m'a donné envie de le ressortir de ma bibliothèque pour m'y plonger à nouveau. Je l'avais lu au moment de sa sortie, il y a plusieurs années. Je dois avouer que j'ai pris plaisir à le relire. Je l'ai dévoré en deux jours !!! Il faut dire que j'avais du temps. C'était les vacances ...
L'histoire est simple. Un homme en vacances à Bali rend visite à un vieux guérisseur pour faire un check-up. Par curiosité. "Son diagnostic est formel : vous êtes en bonne santé, mais vous n'êtes pas ... heureux." Décider à ne pas repartir sans avoir soigner ce mal, il s'engage dans une mise en oeuvre des bonnes pratiques, guidé, avec une pointe d'espièglerie, par le vieil homme.
D'une lecture aisée, il remet les pendules à l'heure face à nos objectifs, nos attitudes, nos priorités, toutes choses auxquelles on s'attache par conformisme, par habitude mais qui nous pourrissent la vie et nous rendent malheureux.
Il faut comprendre que chacun de nous a des qualités et des défauts ; ce sur quoi l'on focalise son attention à tendance à prendre de l'ampleur, à s'étendre. Si vous braquez les projecteurs sur les qualités d'une personne, même si elles sont infimes, elles s'accentueront, se développeront jusqu'à devenir prépondérantes. D'où l'importance d'avoir dans votre entourage des gens qui croient en vous, en vos qualités et en vos capacités.
Sylvain Tesson
Auteur que j'affectionne pour l'authenticité de ses textes, parfois rudes, toujours chargés d'une belle sensibilité, Sylvain Tesson me surprend avec Berezina : un même parcours et deux périples à 200 ans d'écart pour une histoire qui mêle souffrances et fraternité, débacle et fantaisie motorisée, grande Histoire et quête d'absolue.
"Tout commence en 2012 : Sylvain Tesson décide de commémorer à sa façon le bicentenaire de la retraite de Russie. Refaire avec ses amis le périple de la Grande Armée, en side-car ! De Moscou aux Invalides, plus de quatre milles kilomètres d'aventures attendent ces grognards contemporains."
Malgré un ton désinvolte, parfois dans la provocation, le récit retrace avec précision ce pan sombre de l'histoire de France. Les aspects politiques, stratégiques, humains sont tour à tour développés par Sylvain Tesson qui s'appuie sur une connaissance fine du sujet et une réflexion sur le sens de l'histoire. Sur le sens de la vie aussi et la fin du récit questionne sur ce que nous avons fait, nous contemporains, de cette Histoire.
Ici un supermarché, ici une station-service. Partout où les soldats étaient tombés, les Hommes avaient repris le cours de la vie et érigé les bâtiments nécessaires à leur confort. L'homme s'était habitué à vivre sur les ossements des morts.
"Heureusement que les fantômes n'existent pas, ce serait invivable", dit Gras.
Don Miguel Ruiz
Parce que j'en ai parlé plusieurs fois avec une amie, questionnant le sens de l'un ou l'autre des accords. Parce qu'à un certain moment, les résumés qui sont proposés sur le web ne sont plus suffisant. Parce qu'il est un guide de voyage précieux sur le chemin de la liberté.
La philosophie des quatre accords toltèques va bien au-delà de ces quatre principes de vie que l'on connait si on s'intéresse un peu à la question. Ils ne sont que les outils qui permettent de se libérer et comprendre les mécanismes qui se jouent en arrière-plan permet d'en prendre toute la mesure. Cela permet aussi de les nuancer, de les rendre moins insurmontables.
Si j'utilisais déjà ces accords pour me guider dans mes choix, la lecture de l'ouvrage dans son ensemble m'a permis de les assimiler de façon plus profonde.
Premier accord : Que votre parole soit impeccable
Deuxième accord : Quoi qu'il arrive, n'en faites pas une affaire personnelle
Troisième accord : Ne faites pas de suppositions
Quatrième accord : Faites toujours de votre mieux