4 Février 2019
"Il y a trois sortes de savoir : le savoir proprement dit, le savoir-faire et le savoir-vivre ; les deux derniers dispensent assez bien du premier." La société a changé depuis Monsieur de Talleyrand et aujourd'hui on peut en ajouter deux autres : le savoir-être et le savoir-paraître, le dernier supplantant tous les autres.
Emmaillotée dans les réseaux sociaux et les télé-réalités, notre société de l'image tend à faire croire que l'on n'existe pas si l'on n'est pas vu. En tant que blogueuse, c'est, évidemment, une réflexion à laquelle je me confronte régulièrement. Sur le blog mais aussi sur Instagram et sur la page facebook, je me montre, je m'expose. Oui, je donne à voir qui je suis et je le fais de plus en plus. C'est un choix. C'est une démarche réfléchie et maîtrisée qui, pourtant, reste questionnée en permanence.
Voilà, vous êtes prévenus ; mon humeur du jour prend des airs d'examen de conscience...
D'autres que moi sont dans le même questionnement. Dernièrement, une blogueuse que je suis régulièrement et que j'apprécie avait publié sur Instagram une visite de son intérieur, salon, cuisine, chambre... Dans un commentaire, elle avait été interpellé de façon assez directe dans le registre "comment peux-tu montrer quelque chose d'aussi intime que ta chambre ?". Un peu ébranlée par cette question, elle était revenue sur le sujet dans un autre post.
Par effet miroir, j'ai moi-même relancé cette réflexion autour de "qu'est-ce que je montre ?", "qu'est-ce que j'ai envie de montrer ?", "qu'est-ce que j'accepte de montrer ?". L'interview d'une danseuse du Crazy Horse, vue il y a quelques années, m'est revenue à l'esprit. Interrogée sur ce qu'elle ressentait à se montrer presque totalement nue sur scène, elle répondait qu'en réalité elle ne se sentait pas nue. Son costume de scène masquait l'essentiel et surtout elle se couvrait tout le corps de fond de teint avant le show. Le jeu des éclairages faisait le reste et ainsi elle n'éprouvait jamais le sentiment de nudité.
J'avais trouvé ce raisonnement très juste. L'impudeur et l'exhibition ne sont pas toujours où on les imagine.
Diverses informations sont ensuite venues alimenter ma réflexion. Une émission sur France Culture tout d'abord : La discrétion comme acte de résistance. Si les digressions vers l'univers de la politique m'ont peu intéressées, j'ai, en revanche, retenu la discrétion présentée comme un art de vivre, "une philosophie de l'existence".
"Plaisir baudelairien de flâner anonymement parmi la foule, joie silencieuse de regarder son amour dormir ou ses enfants jouer sans qu’ils remarquent notre présence, soulagement de voir s’éloigner enfin le désir de triompher : loin de la dissimulation, du calcul prudent ou de la peur d’être vu, l’âme discrète offre une juste présence au monde."
Je ne prétends pas être dans une présence juste en permanence. Pour autant, j'aspire à trouver ce positionnement juste et à ne pas laisser l'égo prendre le contrôle. Je m'efforce d'y travailler chaque jour par la méditation et par un cheminement spirituel et philosophique. Je l'évoque ici parfois. Ce n'est que la partie émergée et ça me convient bien comme ça.
Se faire discret, c'est créer, c'est donner, c'est aimer.
L'autre évènement arrivé dans ce carambolage d'idées, c'est le lancement dans ma ville Poitiers, des TEDX, les conférences à la mode, parfois témoignages inspirants et éclairages scientifiques, parfois étalages d'égo ou confidences fièrement exhibées.
Le thème choisi pour cette première session poitevine "dévoiler/dévoilé.e" fait curieusement écho à mon humeur du jour. Mais il me laisse perplexe. Doit-on comprendre qu'il faut dévoiler ou se dévoilé pour capter l'attention ?
Et, cerise sur le gâteau, cet intitulé sibyllin apparait particulièrement cocasse lorsqu'on sait que les billets ont été mis en vente, et achetés, sans que les noms des orateurs soient dévoilés...
100 petits plaisirs qui nous font kiffer la vie - parce que j'ai trop réfléchi avec mon humeur du jour et que ça c'est léger et savoureux !!!
Un hôtel à poule au coeur de la ville - parce que ce sont des initiatives comme ça qui changeront les mentalités et le monde. Et tant pis si c'est utopiste.
« Manger avec la main, c’est naturel, manger avec une fourchette, c’est culturel » - parce que ça me rappelle un couscous manger avec les mains quand j'étais enfant.
Un son rythmé et juste, un brin provocateur et bourré d'humour