29 Avril 2019
"Les choses qui vous échappent ont plus d'importance que les choses qu'on possède."
Savoir s'excuser... bien sûr, on s'excuse tous (presque tous !!!) pour un retard, pour un gros mot prononcé un peu trop fort, pour une porte pas tenue, pour un geste maladroit. Pour toutes ces petites choses du quotidien, on s'excuse et, généralement, on le fait très bien. Elles relèvent de l'éducation, du savoir-vivre tout autant que de l'attention à l'autre. Et pour cela, on nous a enseigné les codes qui régissent la société. On les connait et on les applique avec intelligence parce que c'est ce qui nous permet de vivre harmonieusement en société.
Et puis, il y a les autres excuses, celles qui relèvent exclusivement de la relation à l'autre, de la résonance que l'on construit ou que l'on entretient avec lui. Elles suucèdent à un malentendu, une colère, une dispute. Ces excuses-là sont plus difficile à ressentir et, par conséquent, à exprimer.
Plus difficiles à ressentir parce qu'il faut d'abord parvenir à passer outre nos sentiments et notre propre colère pour entendre ceux de l'autre. Pour lui comme pour nous, il y a les contrariétés et les attentes conscientes, objets de la confrontation, formulées, clairement ou pas. Mais surtout, il y a tout ce qui n'est pas conscient : les difficultés, les doutes, les appréhensions. Tout ce qui nous déstabilise ou nous met en situation de vulnérabilité. Lorsque l'on peut entrevoir tout cela, pour nous comme pour l'autre, on peut commencer à décrypter le vrai sens du différent qui nous éloigne.
Difficiles à exprimer parce qu'il faut, en plus, accepter sa part de responsabilité dans ce qui se joue avec l'autre personne et on a toujours une responsabilité quelque soit la situation. Il faut accepter de ne pas avoir raison. Cela ne signifie pas pour autant que l'on aie tort, c'est juste accepter que nous n'ayons pas le même point de vue sur le sujet, ce qui est dans l'ordre des choses. Nos points de vue peuvent être proches, et c'est tant mieux, ou au contraire totalement opposés et il faut alors établir un dialogue pour trouver un moyen de les accorder. Les ignorer ne change rien, les confronter ne sert à rien.
Mais attention, s'excuser ne signifie pas céder devant les arguments et les exigences de l'autre. C'est acter qu'il puisse avoir un avis différent du notre. C'est admettre que l'on puisse l'avoir blessé, même involontairement, par nos réactions ou nos mots. C'est engager la discussion pour entendre son point de vue et percevoir sa difficulté, sa souffrance. Et, seulement dans un deuxième temps, lorsqu'il a pu exposer ce qu'il ressent, pense ou souhaite et que cela a été entendu et reçu sincèrement, on peut exprimer notre point de vue pour aller vers un compromis.
Ces excuses sont d'autant plus difficiles à exprimer que l'on sait qu'elles ne sont pas toujours entendues, ni acceptées par l'autre. Enfermé dans sa colère, assailli par divers sentiments négatifs (incompréhension, culpabilité, tristesse, découragement...), il est dans l'incapacité de recevoir les excuses qui permettent de prendre un virage pour engager un dialogue. Il faut alors avoir énormément de patience et de confiance en l'autre, soutenu par un amour profond et inconditionnel, pour poursuivre l'écoute et maintenir le dialogue un certain temps. Ce n'est pas toujours suffisant pour régler le différent sur le moment. Il faut parfois renoncer, apaiser la relation et reporter la discussion à une autre fois.
Ces excuses profondes et sincères sont essentielles vis-à-vis des enfants parce qu'ils sont en construction et ces vécus leurs permettent d'expérimenter le désaccord en étant respecter dans leur intégrité et en respectant l'autre dans son altérité. Ils apprennent à recevoir les excuses, à exprimer qui ils sont, ce qu'ils ressentent et ce qu'ils souhaitent. Par l'effet du miroir, ils apprennent aussi à s'excuser et ça c'est énorme parce qu'ils acquièrent ainsi les outils pour être en relation avec l'autre dans une résonance valorisante. Ils apprennent que l'on a le droit de faire des erreurs et qu'il n'est pas nécessaire d'avoir toujours raison, il suffit d'être le plus souvent possible en accord avec soi-même.
Peut-être un peu moralisatrice et donneuse de leçon dans ce billet d'humeur... mais cette réflexion s'appuie sur un vécu tout frais et j'ai eu envie de la développer ici, tout autant pour la partager que pour la formaliser dans mon esprit. Merci de m'avoir suivie jusqu'au bout et très belle semaine.
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A regarder autant qu'à écouter...
Toutes les photos sont à retrouver sur mon compte Pinterest.