3 Juin 2019
"Et si l'art de vivre était ailleurs ? S'il fallait le chercher dans la splendeur plutôt que dans la performance ? Dans le petit matin rêveur loin de toute contrainte sociale."
Il y a deux ans, on m'avait présenté le Miracle Morning (MM) comme la méthode miracle pour avoir du succès dans tous ses projets et réussir sa vie. Curieuse et intéressée, j'avais lu le livre qui développait le concept et le programme. Il s'agit de se lever tôt tous les matins pour suivre un programme intensif de stimulation du corps et de l'esprit : activité sportive, méditation, écriture, visualisation... Tout ça avant de commencer sa journée de travail ou de week-end habituelle. Sur le principe, je trouvais la démarche intéressante. Mais, à la lecture de la philosophie, je n'ai pas du tout adhéré. Pas du tout.
Déjà, mettons-nous d'accord sur ce que signifie "réussir sa vie". Pour Hal Elrod, qui a écrit la bible MM, c'est avoir beaucoup de travail, gagner de l'argent et éventuellement devenir célèbre... On n'est pas loin de la Rollex avant 40 ans !!! Je schématise un peu. A peine. Mais, à chacun de s'y retrouver... ou pas. Pour ce qui me concerne, mes ambitions sont ailleurs. Certes, réussir ma vie professionnelle est important pour moi mais pas à n'importe quel prix, et surtout pas à celui de m'astreindre à un programme digne d'un entrainement pour les marines. J'exagère un peu. A peine.
Qui plus est, je refuse de me soumettre à un programme qui met de côté toute forme de bienveillance. S'accorder le droit de repousser le réveil de 10 minutes certains matins me semble relever d'une forme de douceur envers soi-même. Or, c'est strictement proscrit dans le programme MM, sous peine de ne pas être à la hauteur de ses ambitions. No way !!! Je veux garder de la souplesse et de l'imprévu dans mon organisation de vie. Je veux rester branchée sur mes besoins et mes envies, plutôt que contrôlée par un programme pré-établi.
Bref, j'ai lu le programme Miracle Morning et je me suis dit "ce n'est pas pour moi", affrontant par là-même la terrible honte de ne pas être capable de mettre en place les moyens de ma réussite... je plaisante... pour la honte...
Mais effectivement, le guide MM d'Hal Elrod stipule bien que c'est le programme qui va changer notre vie en mieux. Si on le pratique sans succès, c'est qu'on n'y mets pas suffisamment d'énergie et de bonne volonté. Si on ne le met pas en oeuvre, c'est qu'on restera toute sa vie un médiocre. Beurk, beurk, beurk... qu'est-ce que je n'aime pas cette façon de voir les choses... mais peut-être que je n'ai pas compris l'essence même du Miracle Morning. Il faudra que je pense à le relire un jour... pour renouer avec ma réussite (lol).
Pourquoi je vous parle de ça aujourd'hui ? Parce qu'en trainant dans ma librairie préférée dernièrement, j'ai découvert un petit ouvrage qui traite de ce sujet. Et ça m'a fait énormément plaisir parce que je pensais être quasiment la seule à penser aussi peu de bien du Miracle Morning.
Dans Habiter l'aube ou apprendre à vivre dans la splendeur, Rémy Oudghiri nous entraîne dans ses films et ses livres, mais aussi dans les rues de Paris au petit matin, les paysages allemands à la Caspar David Friedrich ou dans l'heure bleue de la campagne toscane. Se présentant comme un "chercheur d'aube", il vante les petits matins comme un espace pour se découvrir soi-même et vivre pleinement ce que nous sommes. Dans ce passage entre le jour et la nuit, libéré des contraintes et du temps sociales, nous pouvons éprouver le bonheur de vivre, nous rendre disponible aux splendeurs de l'aube pour regarder, penser et exister autrement.
Même si son livre semble dégager une incroyable poésie du quotidien (j'avoue je ne l'ai pas encore lu), Rémy Oudghiri n'est pas un doux rêveur. Travaillant à l'institut Ipsos, il dirige des études sur l'évolution des valeurs, des modes de vie et de consommation dans les sociétés contemporaines. Auteur d'autres essais Petit éloge de la fuite hors du monde et Ces adultes qui ne grandiront jamais, il est un observateur averti des évolutions profondes de notre société.
Alors, doit-on y voir deux évolutions majeures et opposées pour les années à venir ? Et de quel côté, vous situez-vous : performance ou splendeur dans le petit matin ?
Pour ce qui me concerne, vous l'avez compris, j'ai déjà fait mon choix. La splendeur plutôt que la performance. Savourer plutôt que rentabiliser. Expérimenter plutôt que consommer. Etre plutôt qu'avoir.
Pour sauver la planète, il faudrait passer à la semaine de 6 heures - Parce que, sous des allures provocatrices, voire surréalistes, l'étude dont il est fait mention, prends le problème sous l'angle d'une réalité mathématique plutôt que sous celui des promesses et des intentions. Ça fait réfléchir...
Les bienfaits de la colère - Parce que ce qui se joue dans l'enfance se retrouve chez l'adulte. Parce qu'il n'est jamais trop tard pour sortir de l'enfermement que constitue nos colères.
Danser, une philosophie - Parce que ” la vie, ce n'est pas attendre que l'orage passe, c'est apprendre à danser sous la pluie.”
Comme une envie de l'énergie puissante de l'été qui se présente à nous tout doucement
Toutes les photos sont à retrouver sur mon compte Pinterest.